Elle est la star incontestée des bases de données des dernières années. La statistique que tout le monde scrute, analyse, décortique, met à toutes les sauces. Mais qu’est-ce que c’est, précisément, le "strokes gained" ?

© Alexis Orloff - ffgolf

De quoi parle-t-on ?

Au golf, une statistique sera immanquablement plus importante et lourde de conséquences que les autres : votre score après 18 trous. Vous pouvez mettre des bûches au drive, planter des fléchettes sur les greens, rentrer des kilomètres de putts, si en face, vos coups loupés vous coûtent trop cher, cela ne servira pas à grand-chose.

Ainsi, pour tenter de combler l’imperfection des statistiques telles que les fairways touchés, les greens en régulation ou le nombre de putts, une autre a émergé ces dernières années : le "strokes gained". Pour une fois, ce bon vieux Shakespeare ne nous sert pas un faux ami, puisque ce qui se traduit par "coups gagnés" mesure exactement cela : le nombre de coups grapillés par un joueur ou une joueuse par rapport à la moyenne de tous ses adversaires, que ce soit à l’échelle d’un trou, d’un tour, d’un tournoi ou d’une saison.

D’où vient-il ?

Le "strokes gained" a été élaboré à partir des travaux de Mark Broadie, professeur à l’université Columbia, aux États-Unis, qui a utilisé pour cela les données relevées par l’entreprise spécialisée ShotLink, et mises à disposition des chercheurs à partir de 2007. Dans les premières années, le principe en est resté relativement simple : à la fin de chaque tour, le score de chaque joueur était comparé à la moyenne du champ sur cette même journée. Il en sortait un nombre, positif en cas de bonne performance et négatif en cas de contre-performance. Par exemple, un joueur signant quatre cartes de 69 lors d'un tournoi où la moyenne de score s'établissait à 71,57 se retrouvait avec un "strokes gained" de 2,57. Le même procédé pouvait être étendu à l'ensemble d'une saison.

Ce compartiment statistique a commencé à s’affiner vers le milieu des années 2010. Ainsi, en 2014, le PGA Tour (auquel les autres circuits ont emboîté le pas sur ce plan) a redéfini le "strokes gained" total comme étant l’addition de deux sous-catégories : le "strokes gained" du tee au green et le "strokes gained" au putting.

Comment se calcule-t-il ?

Calculer le "strokes gained" total dans sa version la plus ancienne est donc relativement aisé, puisqu’il se rapporte simplement à comparer des moyennes globales sur 18 trous. Les choses se corsent lorsque l’on veut resserrer la focale sur un aspect du jeu en particulier.  Là, l’approche se veut purement statistique et même, par certains aspects, probabiliste (ne partez pas si vite).

Le "strokes gained" au putting attribue un score à un joueur ou à une joueuse en comparant les résultats de chacun de ses putts à ce que produisent les autres à distance similaire. Exemple : si le joueur se trouve à 8 m du trou et que le taux de réussite à cette distance est de 50 %, son "strokes gained" au putting évoluera de +0,5 en cas de réussite, -0,5 en cas d’échec, et -1,5 en cas de trois-putts. Parfois, les compteurs peuvent s'affoler, comme avec le Japonais Hideki Matsuyama, en 2019 sur le BMW Championship :

Le "strokes gained" du tee au green, qui recouvre donc tous les autres secteurs de jeu, est en quelques sortes un dérivé. En effet, il s’agit tout d’abord de calculer le "strokes gained" classique (score sur 18 trous par rapport à la moyenne de score du champ), puis d’en soustraire le "strokes gained" au putting.

C’est bon, on a tout dit sur le "strokes gained" et ses modalités ? Mauvaise nouvelle : non. En effet, à partir de 2016 pour le PGA Tour, et de 2020 pour le Tour européen (devenu DP World Tour), l’approche probabiliste a été généralisée à tous les secteurs de jeu dans le calcul, ce qui a conduit à découper le secteur du tee au green en quatre catégories. Mais ça, ce sera pour le prochain épisode.


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